[...] Aujourd'hui, pour écrire sur Marcel Berlanger, je le mets à distance. Je quitte Bruxelles. Oooooh, je pourrais le chercher dans la souplesse des saules pleureurs du Parc Josaphat, je pourrais aller rendre visite à ses parents dans sa maison d'enfance à Neder-Over-Heembeek et regarder ses premiers tableaux, foutre le camp dans les Fagnes et appréhender la cime des grands pins sylvestres, acheter une frite à l'Atomium et jeter tout aux corneilles et observer, faire de l'escalade à Dave, faire de la spéléo dans les veines karstiques du Namurois... C'est que la peinture de Berlanger a beaucoup à faire avec la nature. Saules, cyprès, palmiers, cactus, oiseaux, roches, mers, regs, fauves. Il le dit: «Il y a dans la nature, quelque chose des notions de l'art. Il y a de l'ordre et du chaos, des ensembles, des échelles de grandeurs... Quelque chose de très complet. La nature, comme modèle. Quelque chose de directement peignable... Juste à observer. Ça n'est pas simple de la peindre mais c'est un très très grand plaisir d'y parvenir».
Dans son travail, Lucie Lanzini porte une attention particulière aux formes issues de l’architecture. Par le fragment et l’assemblage, par la technique du moulage ou par un travail d’empreinte, les formes nouvellement créées convoquent le souvenir d’espaces et de vies passées.
Le parc d’Enghien et ses espaces diversifiés (pavillons, chapelle, écuries, crypte, etc..) de tous styles et époques sont une mine d’or pour réaliser un projet in-situ s’inspirant de la diversité des matières, des ornements et des revêtements qui composent ces bâtiments.
L’artiste propose un nouvel ensemble de pièces pour l’extérieur. Des éléments verticaux ponctuent le parc de leurs formes minimales et se révèlent composées de nombreux détails lorsque l’on s’en approche. Des motifs et textures sont visibles sur chacune des faces, en échos aux évolutions architecturales et ornementales du lieu. L’idée d’une dilution dans le temps et dans l’espace est symbolisée par la verticalité des éléments s’érigeant vers le ciel et accentuée par un travail de gradation de la couleur, mettant en exergue la facticité de l’ensemble
Chaque élément fait écho au précédent et éveille l’attention du spectateur qui garde en mémoire les formes qu’il découvre. Ces “balises” offertes aux regards l’accompagnent dans sa déambulation et ponctuent son parcours au fur et à mesure de sa découverte du site.
Notre pratique de la sculpture est In-Situ. Le lieu n’est pas simplement une donnée, mais une matière fondatrice. Notre langage formel tire ses racines dans le terrestre, convoquant une multitude de mémoires (géologique, historique, biologique). La matériologie est précisément choisie pour son haut potentiel de transformation. Concentré autour de structures-prothèses sur roulettes en verre, le travail sculptural s’effectue sur ces formes hybrides. Vacillantes entre fonctionnalités et défaillances, entre chutes des corps et actes déposés, ces structures en mutation sont toujours conçues par rapport à nos dimensions physiques. Le corps à la fois absent et présent, actif et en incapacité physique, laisse les traces de son activité. Les marques de notre système-poétique. Dans ce passage souterrain, l’intention est de construire une situation sculpturale qui puisse se loger dans les reliefs humides de cette longue ligne à arpenter et pouvant résonner, voir révéler partiellement la mémoire du site industriel mais également avec la mémoire géologique du sol. Roulettes en verres, formes métalliques qui maintiennent verticalement les voutes, excroissances en verre soufflées élaborées à partir de moules creusés dans la terre, il s’agit alors de déployer des sculptures évoquant les possibles traces d’une activité, d’un travail, pétri d’incertitude, et façonné par la voie silencieuse du lieu.