(FR/TUN) — Vidéo
Ismaïl Bahri nous propose une expérience contemplative d’une force stupéfiante et très loin du spectaculaire. Une vidéo à la limite de l’image fixe. Une main, un avant-bras sur lequel repose une délicate goutte d’eau. Si l’on y porte notre attention l’on constate qu’elle vibre au rythme des pulsations cardiaques.
(BE) — Installation
Lauriane Belin a mené une recherche auprès des usagé·e·s du parc. Elle leur a fait raconter leurs habitudes, leurs petits rituels. Elle en a sélectionnés certains, touchée qu’elle fut par leur poésie, leur caractère universel ou poignant. Elle les a ensuite fait graver sur des panneaux de bois qui semblent appartenir à un dispositif de médiation qui nous renseignerait sur tel ou tel arbre remarquable alors qu’ils mettent en lumière la préciosité de nos rituels les plus simples et probablement les plus émouvants.
(BE) — Gravure / Installation
Camille Dufour impressionne par sa capacité à porter son travail gravé dans l’espace. Très consciente des enjeux de notre XXIe siècle elle marque dans ses matrices les traits qui interrogent les grands enjeux de notre humanité. Ainsi dans « Après nous le déluge » elle convoque différentes espèces animales et végétales en voie de disparition d’ici ou d’ailleurs et souligne le désengagement de l’humanité face à la fragilité de nos échos système. Elle n’encre sa matrice qu’une seule fois, au fil des impressions l’image tend à disparaître de plus en plus.
Dans le cadre de la biennale, elle a aussi imaginé un projet participatif. Elle a distribué des reproductions de ses estampes sous forme de fragments et a invité la population à s’exprimer sur notre relation au vivant.
(BE/LUX) — Vidéo
Le tandem Brognon Rollin explore la permanence des grands récits avec deux mouvements perpétuels saisis en vidéo. Dans la salle de projection du parc, un jeune Sisyphe tente coûte que coûte de rester dans la lumière, alignant des cristaux de sel dans un rayon de soleil qui se dérobe à chaque seconde. Tandis que dans la crypte de la tour castrale, le souffle immortel d’une figure gravée dans la pierre fait encore et toujours vibrer le fragile ouvrage d’une araignée.
(CH) — Installation / Sculpture
Simon Deppierraz orchestre des jeux d’équilibres tout à la fois simples et sophistiqués venant dialoguer avec les lieux qu’il investit. Avec Stringere, l’artiste intervient sur l’un des joyeux du parc : le Pavillon des Sept étoiles. Cet ancien observatoire astronomique délicatement posé sur une petite étendue d’eau. À l’aide d’un système de câbles aériens, il suspend sept pierres récoltées dans les environs du parc, offrant au pavillon une éphémère corolle minérale toute de fragilité et de tension.
Chaque sculpture représente la quantité de sang contenue dans un corps humain adulte ou enfant.
(BE) — Installation / Sculpture
Laurence Dervaux nous propose dans l’Eglise Saint Nicolas de Myre une expérience marquante. Elle y suspend de gigantesques gouttes en verre. Chacune d’elle est remplie d’un liquide rouge dont le volume correspond à la quantité de sang présent dans le corps d’enfants, de femmes ou d’hommes. Cette installation, d’une grande beauté formelle, sublime l’un des fluides essentiels au vivant. Ce sang vital prend dans ce contexte architectural et spirituel de même que face aux enjeux géopolitiques actuels une dimension presque sacrificielle. Certaines frôlent la chute, d’autres s’offrent à hauteur de regard mais toutes soulignent la vulnérabilité de l’humanité. Elles sont comme des ex-voto, remerciant ou demandant le maintien de la vie.
(BE) — Installation / Sculpture
La pratique d’Isabel Fredeus relève de l’intersection d’un travail d’atelier et de laboratoire. A cheval entre art et science, elle observe, étudie et transpose des processus naturels dans le champ visuel. Sa proposition donne notamment à voir des récipients de différentes formes qui renferment une sculpture de bois dans laquelle elle inclut du mycélium. Ainsi, au fil des journées, le champignon va se nourrir de la structure afin de se déployer. Un processus de co-création entre ces deux éléments naturels mais aussi entre l’artiste et la microbiologiste de la VUB Elise Elsacker.
(FR) — Installation / Sculpture
Théo Massoulier réalise des assemblages qui évoquent des paysages ou des créatures. Qu’il agisse à une échelle minuscule ou plus spectaculaire, chaque sculpture se compose d’éléments issus de territoires hétérogènes. Ainsi, le biologique croise la technologique, le vivant rencontre le synthétique, tout cela dans une grâce propice à des questionnements portant sur l’impact irrémédiable de l’humain sur l’écosystème dans lequel nous vivons.
(FR) — Installation sonore
Roman Moriceau nous propose une expérience immersive auditive dans le souterrain du parc. Ce lieu habituellement silencieux va se gorger d’une bande son donnant à entendre des chants d’oiseaux aujourd’hui disparus. Le fait qu’il s’agisse d’enregistrements doit nous conscientiser sur le fait que ces disparitions ne sont pas si anciennes. Cette plongée sous terre nous offre un passage vers cette époque révolue où ces babillements enchantaient la planète. Une œuvre manifeste de la nécessité d’être vigilant quant à la préservation de la nature et ses trésors.
(FR) — Installation vidéo
Jean-Baptiste Perret développe un travail vidéo de longue haleine sur des territoires ruraux et les personnes qui les peuplent. Il donne ainsi naissance à des formes courtes qui souvent complètent des films documentaires qu’il réalise, par ailleurs. On y assiste à des scènes où le savoir-faire de l’humanité rencontre la nature dans un équilibre précieux. La picturalité et la tendresse de ses bribes y sont saisissantes. Les êtres semblent faire partie d’un paysage (ici, celui Massif Central) digne d’un tableau de Breughel, par exemple.
(BE) — Peinture
La peinture de Benoît Platéus est une ode à la nature. Elle semble s’inscrire dans une lignée d’artistes qui irait des plans d’eau de Monet à la géologie de Per Kirkeby. Il y a dans son travail une fascination pour les superpositions et les transparences celles-ci sont mise en forme dans l’œuvre éphémère qu’il réalise sur le caisson de verre de la chapelle castrale. Montrer, cacher, mettre en évidence ou dissimuler en apportant un rapport complémentaire au paysage sont autant de clefs pour lire les espaces sensibles des toiles exposées dans l’orangerie.
(AT) 1947-2020 — Installation
L’artiste avait imaginé un protocole (Portable Garden) qui se construit grâce à la nature, au hasard de ceux qu’elle abrite. Il s’agit de sacs très souvent utilisés lors de déménagement voire de migration. Ils sont remplis de terre locale et au fil des jours, ils recevront diverses graines déposées par le vent ou l’un ou l’autre oiseau. En préservant cet espace, nous aurons le plaisir de découvrir ce que la nature elle-même aura fait pousser en liberté. Une spontanéité qui agira en contraste ou en fusion avec l’esprit du parc. Lois Weinberger est représenté par la galerie Salle Principale (Paris). L’installation Portable Garden sera visible dans le parc jusqu’au 15.09.2024.
(LB/BE) — Peinture
Marie Zolamian interroge l’attention que l’on porte aux autres. Elle peut s’incarner dans des couvertures, objet d’intimité et de protection que l’on retrouve tant chez les sans-abris que chez les personnes exilées. Elle peut provenir de notre manière d’accompagner celles et ceux qui viennent de nous quitter, comme dans cette série ayant pour source le magnifique film « Departures » de Yojiro Takita. Sur la même question (et en écho avec la peinture religieuse), elle nous propose aussi des peintures ayant pour sujet des dormitions. Ces évocations de la quiétude de la mort des figures saintes au moment de leur dernier souffle, très loin des affres des martyrs. L’attention que l’on porte aux autres s’incarne aussi dans ces vies de trois nonnes-infirmières qu’elle peint et parallèlement donne à entendre. Les formats sont volontairement petits ; les toiles sont libres soulignant la fragilité de ces instants. Par contraste, le format est tout autre lorsqu’elle évoque une sorte d’île aux oiseaux. Les deux propositions se rejoignent tant dans la passion pour la peinture que pour le souhait d’une forme de délicatesse, qui nous conduirait vers une Symbiocène, comme le titre de son immense peinture le revendique.
La Biennale propose une approche croisant patrimoine et art contemporain. Pour cette édition, Marie Zolamian fait écho à la « Déploration » due au Maître de la Virgo inter Virgines, du XVe siècle.